11 sept. 2007

La bonne gouvernance, ce qui manque le plus à Liège.

Il y a exactement trois ans une «commission de développement» créée à l’initiative de la SPI+ nous remettait un travail intitulé «Liège 2020». Ce rapport envisageait 4 scénarios pour l’avenir de Liège :

  • Les chiens de faïence
  • Les loups entre eux
  • L’hirondelle
  • Le Phénix

Peut-être le temps est-il venu d’évaluer la situation actuelle à la lumière de ces scénarios prospectifs?

Les 2 premiers scénarios, très négatifs, envisageaient que «groupes et projets divers s’embourbent, engoncés dans les conflits de pouvoir et les intérêts locaux, sans qu’aucun projet commun réellement ambitieux ne soit formulé»* jusqu’à ce que («Les loups entre eux») «les acteurs se replient plus encore sur leurs prérogatives, plus enclins à se justifier et à chercher des responsables aux situations dramatiques vécues qu’à trouver des solutions durables aux problèmes»*.

A l’opposé, les scénarios positifs imaginaient que «des acteurs et décideurs de la province de Liège […] se réunissent pour élaborer une stratégie de développement globale. Elle est présentée fin 2005 et on se met rapidement d’accord pour marquer une rupture claire avec le passé industriel, pour éviter une dépendance trop forte vis-à-vis d’un seul secteur et pour miser sur le potentiel endogène[…] L’existence d’un lieu de concertation permet aux décideurs, autrefois repliés sur leurs intérêts locaux, de mener une stratégie d’alliances […]»*.

Où en sommes-nous trois ans après? Dans quelle direction allons-nous?

Bien sûr tout n’est jamais tout noir ou tout blanc et bien des acteurs font un travail positif.

Néanmoins, dans le domaine de la gouvernance, on est loin de «l’hirondelle» et plutôt dans le scénario «chiens de faïence» :

  • Commençons par un fait positif : la disparition de «l’Avenir du Pays de Liège» et le souhait de dissoudre les G.I.E. mis sur pied dans son sillage (mais ce n’est pas encore fait).
  • On regrette par contre la paix des braves signée entre «rénovateurs» et «traditionnels» au sein du PS. C’est donc le statu quo (on est passé des «loups entre eux» aux «chiens de faïence») et on s’est partagé équitablement les mandats au sein des I.C. (belle rénovation) sous le regard complice du MR et le silence assourdissant du CDH. Le cabinet Daerden (celui du réviseur, pas celui du ministre) garde la haute main sur les fonctions de réviseur dans les I.C. (rénovateurs cocus!?). Rappelons à ce sujet les 3 propositions d’Ecolo en la matière : rotation des mandats de réviseur (3 ans renouvelables 1fois); transparence dans l’attribution du marché; incompatibilité entre fonction de réviseur et fonction politique (y compris d’une personne d’un même cabinet de réviseur) dans une même structure.
  • Le GRE a porté beaucoup d’espoirs. On a pourtant perdu beaucoup de temps à changer sa structure, ses statuts et sa composition pour passer de gestionnaire des conséquences du départ d’Arcelor à la structure locale de coordination (S.LC.) de l’Agence de Stimulation Economique (ASE) de la province de Liège. Nous continuerons à y travailler dans un esprit positif. La question de savoir s’il pourra devenir le «lieu de concertation permettant aux décideurs […] de mener une stratégie d’alliances […]*» comme prévu dans l’hirondelle reste ouverte.
  • Enfin (mais oui, encore et toujours) : la Communauté urbaine. L’interview d’une cordiale vacuité accordée samedi dernier par Willy Demeyer nous conforte dans notre déception : rien ne bouge. De l’Avenir du Pays de Liège qui devait en être la préfiguration à la conférence des bourgmestres qui tentait de faire croire en être la première étape : rien n’aboutit, c’est toujours hélas la mer des Sargasses politicienne.
  • Oserait-on enfin regretter l’absence totale de projet cohérent en matière de mobilité? Pendant que des nostalgiques pathétiques et nuisibles des années soixante poursuivent la destruction de notre région avec le projet CHB, la volonté de réaliser un «plan urbain de mobilité» et une étude sur une «liaison de transports voyageurs interurbains par rail» soutenus par les échevins de l’urbanisme et le GRE (et bien sûr les écologistes) se heurtent à l’immobilisme du cabinet Antoine.

Décidément en matière de gouvernance, le pays de Liège reste désespérant, engoncé dans les ornières du passé, un quasi-féodalisme avec ses seigneurs, ses fiefs, ses clientèles.


* citations extraites de l’article «La Province de Liège à l’horizon 2020» paru dans la revue futuribles, n°313 de novembre 2005


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