18 sept. 2007

Europe des régions...Nostalgie quand tu nous tiens.

Samedi 15 septembre. Fêtes de Wallonie.

Habituelle réception à Namur.

Habituels discours des Présidents du Parlement et du Gouvernement.

Les journaux ont largement fait écho à ces deux allocutions, mais je voudrais revenir sur un élément de celle du Président du Parlement wallon, José Happart.

En effet, dans un discours étonnamment modéré, celui-ci a redit sa foi dans l’inévitable avènement d’une Europe des régions.

Cette idée a effectivement été populaire dans les années 70, voire les années 80, entre autres dans les rangs des écologistes.

Mais il faut se replonger dans le contexte de l’époque. En 1967, le Général de Gaulle (alors Président de la République française) avait lancé son fameux appel « Vive le Québec Libre ». Dans les années qui ont suivi, et dans la foulée des mouvements contestataires de la fin des années soixante, les revendications régionalistes identitaires se sont faites jour un peu partout en Europe (parfois, aussi, ailleurs dans le monde de la part de ceux que l’on appelait encore « les peuples indigènes »). Dans un souci autant d’autonomie que de reconnaissance des particularités culturelles, de protection de langues et de traditions menacées, et, en France particulièrement, en réaction au jacobinisme, on a vu émerger les revendications bretonnes, occitanes, écossaises, basques,… dont certaines lestées de vieilles rancœurs historiques.

Et on s’est pris à rêver d’une Europe des régions où les états-nations se dissoudraient pour laisser la place à un grand nombre de régions-états de taille équivalente sous l’autorité bienveillante d’une communauté européenne démocratique et conviviale.

Je confesse y avoir cru aussi.

Aujourd’hui, il faut sans doute faire le deuil de cette utopie.

J’avancerais plusieurs raisons simples :

- Ce qui était concevable à 6, 9 ou 12 l’est beaucoup moins à 27 (et ce nombre n’est évidemment pas définitif), cette idée, cette volonté étant absente du chef de bien des états nouvellement membres ;

- Sur un tel nombre d’états (et 460 millions d’habitants), cela aboutirait à une multitude de mini-états sans grand pouvoir et à une autorité européenne très puissante et très éloignée du citoyen ;

- L’éclatement de la Yougoslavie et les divisions qui continuent à agiter les anciennes républiques soviétiques, nous ont rappelé que du régionalisme patoisant au nationalisme agressif, voire meurtrier, la distance est parfois assez courte ;

- Les grands états forts comme la France et l’Allemagne (qui a fait le chemin inverse) ne sont pas prêts à envisager leur dissolution, mais gagneraient en influence à voir les autres se diviser. N’oublions pas que l’Allemagne d’Helmut Kohl a clairement favorisé l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et regardé d’un bon œil la partition de la Tchécoslovaquie.

Non, décidément, le rêve d’une Europe des régions est devenu totalement inadapté à la réalité européenne d’aujourd’hui. Et si le Président du Parlement wallon ne m’avait pas rappelé que certains y croient encore, je n’aurais pas écrit ce billet.

Mais au fait, n’est-ce pas la même idée qui inspire Bart de Wever ?

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