En marge de la manifestation de dimanche

J'étais bien sûr à Bruxelles dimanche matin, une manifestation pour demander qu'on pays continue à exister, ce n'est pas si courant!
Certains gloseront sur le nombre de participants, allant jusqu'à l'exprimer en pourcentage de la population, mesquine attitude de comptable. Oui, cette manifestation était un succès, non seulement pour le nombre de manifestants mais aussi pour l'esprit positif, convivial qui y régnait.
Je voudrais cependant revenir sur une idée couramment exprimée ce dimanche, celle du fameux "fossé" qui existerait entre les mandataires politiques et la population.
Cette idée fait partie du politiquement correct des commentaires sans inspiration des journalistes plus politiciens que les politiciens et même de distingués universitaires.
Peut-être faudrait-il rappeler d'abord le danger qu'il y a à agiter tout le temps cette idée, l'étape suivante étant évidemment l'émergence de nouvelles forces politiques démagogiques prétendant être plus proche du peuple, populistes à tout le moins, voire franchement d'extrême droite?
N'oublions jamais Degrelle et son "Pays réel"!
Il faut sans doute rappeler aussi qu'entre le responsable politique et le citoyen, plutôt qu'un fossé , il y a les médias. Ce sont eux qui doivent, en principe, permettre à la population de savoir et de comprendre ce qui est fait au niveau politique.
Il est vrai qu'il est rare que les médias reconnaissent que leur rôle est politique et qu'ils ont une responsabilité dans le problème... et donc dans la solution!
Enfin, il faut en revenir à la bonne vieille métaphore systémique de la poule et de l'oeuf. En démocratie, le parti politique qui déciderait d'ignorer l'opinion de la population serait stupide et ne tarderait pas à disparaître. L'opinion publique influence donc bien les responsables politiques, qui, à leur tour, en s'exprimant, influencent l'opinion publique, souvent en renforçant les tendances dans un effet de "feed-back positif", presque toujours en passant par le filtre déformant des médias et des enquêtes d'opinion plus ou moins sérieuses et fiables.
Non, décidément, l'idée du fossé entre les citoyens et les politiques ne me convient pas. La réalité est bien plus complexe et et les partis flamands, dans leurs exigeances communautaires, sont sans doute en phase avec une attente de la population flamande... qu'ils ont contribué à créer ou renforcer.
Il s'agit donc bien de faire un gouvernement pour deux communautés qui ont des attentes différentes et qui donc auront, toutes deux, mais dans des sens différents, l'impression que le gouvernement (qui finira bien par émerger) ne tient pas compte de leurs demandes.