Vous devez vous rendre à votre travail, à l’hôpital, à l’école…
Et vous apprenez qu’il n’y aura pas de train-pas de bus-,… pendant un, deux jours, voire pire... « on ne sait pas, on verra bien,… ça dépendra de l’Assemblée du personnel de demain matin… » ?!?
Bon, du coup, vous râlez, évidemment !
Plus énervant encore, vous êtes au travail, vos enfants sont à l’école et vous découvrez en arrivant à l’arrêt de bus -sur le quai de la gare- une grève « spontanée » qui vous livre alors, tout comme vos compagnons d’infortune, aux aléas du système D. Vous êtes vraiment très furieux…
Et voilà soudain que Zorro arrive : MR, VLD, André Antoine,… (à compléter) vous ont compris et se livrent à des déclarations matamoresques : Il faut absolument imposer le service minimum à ces gréviculteurs irresponsables !
Sur le moment, il y a de fortes chances pour que vous trouviez cela très bien.
Cette position, peut-être populaire, sûrement populiste, présente l’avantage d’être éternellement recyclable, à chaque occasion, à chaque campagne électorale… puisque personne n’est jamais parvenu à mettre sur pied ce fameux « service minimum ».
Ni Herman De Croo, quand il était ministre des transports, ni André Antoine, ministre wallon de la mobilité depuis 4 ans. Merveilleux gadget électoral donc…
De quoi s’agit-il ? En fait, de considérer que les transports publics sont tellement importants qu’ils ne peuvent jamais, en aucun cas, s’arrêter complètement et que le droit de grève doit y être limité.
(ce qui, a priori, est plutôt une idée plaisante…)
Oui mais encore, concrètement ? Il s’agirait, éventuellement, d’interdire la grève pendant les heures de pointe (6 à 9 h et 15 à 18 h par exemple), ce qui reviendrait à interdire la grève à 60-80% du personnel. Il pourrait aussi être question de faire circuler un train (ou un bus) sur deux (bonjour l’émeute, n’insistons pas !).
Bien sûr, on dira que ce type d’obligation existe dans certains domaines, comme celui de la santé, mais il s’agit bien là d’une question de vie ou de mort, ce qui n’est pas vraiment le cas des transports publics.
On dira aussi que de telles restrictions existent dans d’autres pays européens. C’est vrai, mais chaque pays a une histoire sociale différente et de plus, ça ne se révèle pas toujours efficace.
Si chacun peut déplorer le récent mouvement de grève des TEC de Charleroi après des incidents graves et le comportement inacceptable d’un chauffeur, il ne faut surtout pas en tirer une règle générale et bien avoir conscience que le boulot de chauffeur est particulièrement dur, stressant et trop peu valorisé.
Ecolo n’est donc pas favorable à l’imposition d’un service minimum mais bien :
- à un service maximum aux usagers des services publics de transport : régularité, prévisibilité, efficacité, prix démocratique, informations sur les chantiers et retards, places assises pour tous ;
- à l’instauration d’un dialogue social de qualité, tourné vers l’intérêt général des millions de citoyens concernés par les transports en commun. Le rôle des partenaires sociaux ne doit pas se limiter à la défense corporatiste de leurs affiliés.
Pour les sceptiques, ajoutons que le dialogue et le respect, ça marche. Nous l’avons expérimenté. Le but est le même : que les grèves soient les plus rares possibles, qu’elles respectent des délais de préavis et, finalement, que par la qualité du service, tout le monde y gagne.
A l’heure où les droits des travailleurs sont confrontés à la mondialisation et à la PMisation, quand de plus en plus de dirigeants recourent à des astreintes contre les piquets et les occupations, ce n’est sans doute pas le moment d’en rajouter en s’attaquant, en plus, au droit de grève.
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